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Les chemins du vieux fleuve

juin 24, 2012

Les chemins du vieux fleuve

Avec l’inauguration le 8 juin de l’usine Georges Besse 2 sur les rives du Rhône c’est la fourniture en combustible nucléaire pour les centrales françaises, européennes voire mondiales qui se renouvelle.

(Hydroélectricité, chimie, nucléaire.)

Les cen­tra­les nucléai­res ont besoin de beau­coup d’eau. Elles ont été cons­trui­tes, dans la région Rhône-Alpes, au bord du Rhône. Elles se trou­vent direc­te­ment au bord du fleuve ou ali­men­tées par des canaux cons­truits par la Compagnie Générale du Rhône. Pour impo­ser ses nui­san­ces, sans que ne se lève d’oppo­si­tion dans les dépar­te­ments limi­tro­phes du Rhône les popu­la­tions ont été cir­conve­nues par la mafia du nucléaire. Ainsi, de nom­breu­ses asso­cia­tions de la région reçoi­vent des sub­ven­tions ali­men­tées par cette indus­trie “hau­te­ment tech­no­lo­gi­que”. Les simu­la­tions et la bana­li­sa­tion de l’acci­dent par un flot d’infor­ma­tions contra­dic­toi­res sont deve­nues la méthode rodée de ges­tion sociale par la bureau­cra­tie et ses alliés (les contre-experts et les assu­reurs des uns et des autres). Les médias et les experts en ont orches­tré la démons­tra­tion en juillet 2008, lors de l’acci­dent de la Socatri (75 kilos d’ura­nium déversé dans des canaux). Avec ses contre-experts et des procès inten­tés grâce à une engeance citoyenne et… l’indem­ni­sa­tion des plai­gnants. Mais est-ce qu’ils ont remé­dié aux maux causés à la nature détruite irré­mé­dia­ble­ment ? Nous avons permis que tout cela se pro­duise et se répète encore en délé­guant à d’autres les déci­sions qui tou­chent pour­tant à nos vies. Si nous ne sommes pas capa­bles de nous ima­gi­ner une autre exis­tence et de nous battre pour la réa­li­ser, alors il ne nous reste qu’à nous pré­pa­rer à mourir dans l’exis­tence actuelle, tracée et impo­sée par d’autres logi­ques, loin d ́une vie libre en dehors de la société nucléaire.

Avec le lan­ce­ment de l’usine d’enri­chis­se­ment de l’ura­nium « Geaorge Besse 2 » le déman­tè­le­ment de « geor­ges besse’ doit com­men­cer.

Un an après Fukushima, sur ce ter­rain bien balisé les nucléa­ris­tes veu­lent pour­sui­vre le déve­lop­pe­ment de leur indus­trie de mort. À partir du 8 juin, l’usine Georges Besse 2 va rem­pla­cer l’usine George Besse qui four­nis­sait du com­bus­ti­ble pour les cen­tra­les fran­çai­ses, euro­péen­nes voire mon­dia­les. Usines d’enri­chis­se­ment d’ura­nium, elles sont au centre du déve­lop­pe­ment de l’indus­trie nucléaire fran­çaise, mais geor­ges Besse 2 est aussi conçue pour répon­dre aux espoirs secrets du nucléo­crate fran­çais qui rêve tou­jours de réa­li­ser une filière à neu­trons rapi­des de qua­trième géné­ra­tion . Elle va rejoin­dre les inves­tis­se­ments somp­tuai­res du nucléaire fran­çais comme l’usine de retrai­te­ment de la Hague, par exem­ple, qui tourne à vide depuis l’arrêt de Creys-Malville.

L’annonce d’un déman­tè­le­ment exem­plaire par­ti­ci­pe­rait à la pro­pa­gande d’Areva. Les mana­gers d’Areva savent que c’est aussi sur le ter­rain du déman­tè­le­ment que se joue l’avenir du nucléaire. Mais ce sera comme pour la cen­trale de Brenilis un extra­or­di­naire et dan­ge­reux bri­co­lage. Encore une fois, on met en jeu des éléments que l’on ne maî­trise pas : pour la pre­mière fois le tri­flo­rure de chlore (CIF3) sera uti­lisé à grande échelle. Découvert par l’indus­trie chi­mi­que alle­mande à la recher­che de gaz de combat, en 1931, il avait été écarté parce que trop ins­ta­ble. Au contact de la peau, celui-ci peut ini­tier la com­bus­tion des tissus vivants. Cet acide est, de sur­croît, toxi­que, de sorte que l’empoi­son­ne­ment méta­bo­li­que s’ajoute aux dégra­da­tions phy­sio­lo­gi­ques cau­sées par sa nature ou son aci­dité. Fulgurant, il peut faci­le­ment échapper à tout contrôle. Il sera, n’en dou­tons pas, accom­pa­gné « d’irra­dia­tions trans­pa­ren­tes » pour les amé­na­geurs de la survie admi­nis­trée. Le 17 jan­vier 2012, le délé­gué local à la pro­pa­gande nucléa­riste, le direc­teur d’Areva Tricastin Frédéric de Agostini, après avoir empê­ché que les dis­cus­sions au conseil géné­ral ne por­tent sur le tri­flo­rure de chlore, a promis à la Commission d’Information auprès des Grands Equipements Energétiques du Tricastin, que pour le déman­tè­le­ment de Georges Besse : « Aucun inté­ri­maire ne sera habi­lité à inter­ve­nir avec le tri­flo­rure de chlore ». La direc­tion d’Areva, de son côté, fait former des ouvriers pour inter­ve­nir avec le tri­flo­rure, cette sub­stance qu’on ne sait pas maî­tri­ser.

Moins d’un an après l’acci­dent de Fukushima la caste des nucléa­ris­tes pour­suit son déve­lop­pe­ment. Et l’on s’aper­çoit au tra­vers des résul­tats de leur avan­cée for­ce­née, que le seul avenir que nous pro­po­sent véri­ta­ble­ment ses mem­bres est la survie en milieu conta­miné. Ils envi­sa­gent froi­de­ment de voir la société plon­gée dans des catas­tro­phes cau­che­mar­des­ques, plutôt que d’accep­ter de voir l’indus­trie nucléaire englou­tie par Fukushima.

Il est temps que ça change !!. L’accep­ta­tion par les popu­la­tions du nucléaire comme étant l’énergie la plus sure est posée en prin­cipe. Mais l’indus­trie nucléaire, elle aussi, a ses pol­lu­tions. La Drôme, sous domi­na­tion des pol­lu­tions indus­triel­les, défend pour­tant son image de pre­mier dépar­te­ment Bio de France. Désormais, les champs de lavan­des Drômois seront aussi net­toyés par le nou­veau fluide super cri­ti­que [1]. Ce nou­veau fluide est uti­lisé par des ingé­nieurs du CEA pour trai­ter les effluents échappés des usines nucléai­res.

Les habi­tan­tes et les habi­tants peu­vent bague­nau­der dans les trois parcs natu­rels régio­naux qui entou­rent la zone sous domi­na­tion des pol­lu­tions indus­triel­les et les forêts pour­raient êtres livrées au tou­risme de masse, avec un label pro­tec­tion de la nature, dans le seul inté­rêt de lais­ser tour­ner la nucléa­ri­sa­tion du monde.

Apprenons à déjouer leur jargon, à échanger entre nous des infor­ma­tions.

« L’impor­tance de la dis­cus­sion réside dans le fait qu’il faut envi­sa­ger la réa­lité du rap­port de force dans la lutte contre le nucléaire. »

Nous sommes tou­jours restés atten­tifs aux ter­ri­toi­res qui sont dévas­tés…

Des com­pli­ci­tés entre indi­vi­dus contre la dépos­ses­sion et l’égoïsme col­lec­tifs pour­raient entraî­ner une contre-offen­sive contre le nucléaire, il ne peut y avoir de lutte locale qui n’impli­que­rait pas les autres oppo­si­tions à cause de la radio­ac­ti­vité inca­pa­ble de res­pec­ter des fron­tiè­res. Les luttes amor­cées contre la THT Normandie Bretagne doi­vent ren­contrer celle du TGV LYON TURIN, du dou­ble­ment de la THT nord Pas de calais, celle du projet Penly, celle des sto­cka­ges de déchets mais aussi celle contre l’éolien indus­triel et l’implan­ta­tion de cen­tra­les ther­mi­que etc.. Ces luttes doi­vent être menées contre toute repré­sen­ta­tion poli­ti­cienne, tou­jours prête aux com­pro­mis­sions pour faire car­rière. Dans la lutte anti­nu­cléaire il ne s’agit pas de choi­sir le moin­dre mal (cen­trale ther­mi­que) ni l’illu­sion renou­ve­la­ble (éolien solaire bio­masse..) mais de s’atta­quer à l’ensem­ble de cette société capi­ta­liste indus­trielle et de classe qui le jus­ti­fie

Des membres de la Coordination Contre la Société Nucléaire (CCSN) le 08.06.2012

P.-S.

Contact :

C/O CNT-AIT, BP 46,91103 CORBEIL CEDEX

C/O LE LABORATOIRE 8 PLACE ST JEAN VALENCE 26000

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